Les systèmes de protection contre les radicaux libres
L’organisme est équipé de systèmes de protection anti-radicaux libres, qu’on appelle aussi antioxydants (tableau 1). Il puise aussi dans l’alimentation des molécules qui ont ce pouvoir (tableau 2).
Ils ont plusieurs origines, aussi bien à l’intérieur de l’organisme qu’à l’extérieur.
D’abord, ils sont la conséquence de la respiration aérobique normale, qui est le mécanisme par lequel nous nous procurons de l’énergie : la mitochondrie consomme de l’oxygène, qu’elle réduit par étapes successives pour libérer en dernier lieu de l’eau. Les sous-produits inévitables de ce processus sont l’anion superoxyde (O2-), le peroxyde d’hydrogène (H2O2) et le radical hydroxyle (.OH). On estime qu’environ 1012 molécules d’oxygène sont utilisées chaque jour par une cellule de rat et que 2% « fuient » sous la forme de molécules d’oxygène partiellement réduites. Ceci représente 2x1010 molécules de superoxyde et de peroxyde d’hydrogène par cellule et par jour.
Autre source d’oxydants : la destruction par les cellules du système immunitaire de cellules infectées par des bactéries et des virus. Les phagocytes utilisent pour cela des oxydants redoutables comme le monoxyde d’azote (NO), l’anion superoxyde, le peroxyde d’hydrogène et l’ion hypochlorite (OCl-). Les infections chroniques entraînent une activité des phagocytes elle aussi chronique, ce qui conduit à l’inflammation et aux risques qui lui sont associés (dont le cancer).
Les péroxysomes sont des organelles qui ont pour rôle de dégrader les acides gras et d’autres molécules. Ils fabriquent des sous-produits sous la forme de x, qui est ensuite pris en charge par une enzyme antioxydante, la catalase. Mais on pense qu’une partie des péroxydes d’hydrogène échappe à ce processus, ce qui ajoute encore au fardeau oxydant sur la cellule.
Mentionnons pour conclure les enzymes de la famille Cytochrome P450, ou enzymes de phase 1, qui constituent l’une des premières lignes de défense chez tous les animaux pour se protéger des substances toxiques de plantes. Ces enzymes sont également sollicités pour prendre en charge des substances chimiques (médicaments, pesticides…). Leur activité génère des sous-produits oxydatifs qui peuvent endommager l’ADN.
A ces sources d’oxydants internes viennent s’ajouter les oxydants issus de notre environnement, à commencer par les oxydes d’azote dans la fumée de cigarette ou la pollution atmosphérique, qui oxydent des molécules de l’organisme. Conséquence : ils mobilisent nos défenses antioxydantes et épuisent nos réserves de vitamine C ou de vitamine E. Voici l’une des raisons pour lesquelles les fumeurs sont souvent carencés en vitamine C (et très mal protégés contre le vieillissement accéléré et les cancers).
Les sels de fer et de cuivre en excès favorisent les radicaux libres par une réaction dite de Fenton. Les personnes qui, par suite d’un défaut génétique, souffrent d’hémochromatose ont un risque plus élevé que les autres de cancers et de maladies cardiovasculaires. Elles doivent recourir à des saignées pour éliminer l’excès de fer.
Les rayons UV du soleil sont à l’origine de l’apparition dans le corps de l’oxygène singulet et d’autres espèces réactives de l’oxygène.
Il existe plusieurs preuves que le stress oxydant est impliqué dans le vieillissement humain. Nous n’en citerons que quelques-unes, emblématiques.
La théorie du vieillissement par le stress oxydatif est aujourd’hui acceptée par la majorité des chercheurs, même si elle ne constitue pas la seule explication au vieillissement humain. Lire à ce sujet les autres théories du veillissement : Le gène égoïste, La théorie du soma jetable, Le stress fait-il vieillir ?
Antioxydants de l’organisme | Fonction |
Superoxyde dismutase (SOD) à base de zinc et cuivre | Enzyme. Neutralise les radicaux superoxydes en les transformant en péroxyde d’hydrogène |
Superoxyde dismutase (SOD) à base de manganèse | Enzyme. Neutralise les radicaux superoxydes en les transformant en péroxyde d’hydrogène |
Catalase (à base de fer) | Enzyme. Neutralise les péroxydes d’hydrogène en les transformant en eau et oxygène |
Glutathion péroxydase (à base de sélénium) | Enzyme. Neutralise les péroxydes d’hydrogène en les transformant en eau et oxygène |
Transferrine | Protéine. Transporte le fer. |
Lactoferrine | Protéine. Transporte le fer. |
Cerruloplasmine | Protéine. Transporte le cuivre. |
Acide urique | Neutralise les radicaux libres dans les compartiments extra-cellulaires. |
Albumine | Protéine. Neutralise les radicaux libres. |
Glutathion | Protéine. Neutralise les radicaux libres. Détoxifiant. |
Coenzyme Q10 | Transporteur d’électrons. Prévient les réactions radicalaires dans les mitochondries. |
Mélatonine | Hormone anti-oxydante. |
Antioxydants de l’alimentation | Fonction |
Vitamine C (fruits, légumes) | Réagit avec les radicaux libres dans le plasma (sang) et à l’intérieur des cellules. Régénère la vitamine E et le bêta-carotène. |
Vitamine E (germe de blé, noix, amandes, huiles végétales) | Réagit avec les radicaux libres dans les milieux gras. Protège les membranes, les graisses circulantes, et les protéines. |
Caroténoïdes (légumes à feuilles vert sombre, carottes, tomates, maïs, brocolis, agrumes) | Réagit avec les radicaux libres dans les milieux gras. Protège les membranes, les graisses circulantes, et les protéines. |
Polyphénols (fruits, légumes) | Réagissent avec les radicaux libres dans les milieux aqueux et/ou gras. Protègent la vitamine C. |
Terpènes (épices, aromates) | Neutralisent des radicaux libres. |
Sélénium, fer, zinc, manganèse, cuivre (viandes, végétaux). | Composants des enzymes antioxydantes. |
Cystéine (viandes, végétaux) | Précurseur du glutathion. |
Acide phytique (céréales complètes) | Minimise la concentration des formes réactives des minéraux (fer, cuivre, manganèse) qui peuvent donner naissance à des radicaux libres. |
Sulforaphane (Légumes crucifères : brocoli, choux, choux de Bruxelles) | Induit des enzymes détoxifiantes qui s’opposent à la formation du radical superoxyde. |