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Le blog de MARIE DUVAL écrivain-cinéaste passionnée par l'humain ET.. la botanique
Le blog de MARIE DUVAL écrivain-cinéaste passionnée par l'humain ET.. la botanique
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une drôle d'histoire

une drôle d'histoire

UNE HISTOIRE UN PEU MARRANTE et d'ACTUALITE... par les temps qui courent et qui ... galopent :



C’est une étrange entreprise que celle de faire rire

les honnêtes gens, disait Molière.

Un PDG très connu d'une des plus grosses Sociétés françaises, imbu de sa personne dirige la tentaculaire Société VIVELAVIE ... pour ne pas la nommer par son vrai nom !

Cet homme est une véritable plaie pour sa secrétaire et son personnel en général.

Est-ce un oubli ou est-ce voulu... toujours est-il que celle-ci omet de réserver l'hôtel dans lequel il doit descendre à Brive-La-Gaillarde, le soir-même, pour diriger une importante réunion qui a lieu le lendemain en vue du licenciement des deux tiers du personnel sur la France entière.

Tout irait bien si notre homme n’avait pas de surcroît perdu sa carte bleue...


Le scénario ...


Séq.. I – BUREAU – INT. JOUR


Sur les murs, le nom de la société apparaît partout VIVELAVIE.

Egalement sur les stylos, sur les tasses à café..VIVELAVIE. VIVELAVIE partout.

Une affiche avec le nom de la Société représente un site pétrolier et … une praire verte. Le paradoxe fait aujourd’hui partie de toutes les grosses Sociétés faisant éhontément du greenwashing.

Dans le couloir des hommes cravatés (clonés) discutent autour de la machine à café. Deux femmes vêtues comme des porte-manteaux des Galeries Lafayette jacassent, une tasse à café à la main.

Les rires parviennent jusqu’à un open-space où s’activent
.... quatre secrétaires arc-boutés sans un mot à leur robot computer. Chacune d’elles tape consciencieusement sur son clavier..

On pourrait entendre les mouches voler (voix off : sauf qu'il n'y a pas de mouches ... loin d'être aussi stupides pour se laisser, elles, enfermées dans un open-space par un aussi beau jour d'été).

Les machines (imprimantes, ordinateur, climatiseurs) conversent entre elles et émettent un bruit ordinaire de machines.

L'ambiance est pesante, étouffée. Il fait sombre malgré l'été qu’on aperçoit au loin dehors par la fenêtre. L’open-space au milieu d’un grand espace sans âme est éclairé par des néons.

Personne ne pipe mot.

Appelons l’une d’elle la secrétaire en
chef. Elle se met à parler, seule, sans que personne ne relève ni ne réponde :


- Je ne sais pas vous ... mais Internet fonctionne mal. Avec tous les mails que j’ai encore à faire partir pour la conférence d’ici ce soir.


Un associé traverse l’open-space, semble chercher quelque
chose, hésite, ne demande rien et repart comme il était venu..

Cela réveille une des secrétaires qui lance

- Et quand je pense qu’on va peut-être toutes sauter avec ce licenciement collectif. Non mais pourquoi on se fatigue. On se demande. On se demande pourquoi on se casse le cul pendant que les autres bouffent du gibier le midi au Ritz. Non mais faut voir les notes de frais. Je le sais. C'est moi qui les relaxer aux clients.


Une autre secrétaire décolle son visage de l’ordinateur et agite ses doigts en l’air :

- ... ils feraient pas un truc pareil quand même. Avec le chiffre d’affaires de la boîte, ça serait le comble. Non tu rêves Marine !


Séq. II – RUE – EXT. CREPUSCULE


L’homme d’affaires arrive assez tard à la gare Brive-La-Gaillarde, prend un taxi pour se rendre à son hôtel. Il paie, remet son porte carte dans sa veste mais ne voit pas que sa veste glisse sur le sol quand il sort du taxi.



Séq. III – HOTEL – INT. NUIT


Arrivé à l’hôtel, on l'informe que c'est "complet" et qu'il n'y a ... aucune réservation à son nom !

Le PDG

- Comment ça aucune réservation. Mais cherchez. Ca ne peut pas exister qu'il n'y ait aucune réservation.

Le réceptionniste a beau chercher encore. Mais... non... il n'y a rien et l'hôtel est .... complet.

Le PDG s'emporte de plus belle, demande encore à ce qu'il regarde encore et ENCORE, car de toute évidence, c'est une erreur. L'autre a beau lui répéter qu'il n'y a RIEN de réserver à ce nom-là, l'autre devient odieux avec le réceptionniste.
Ce dernier finit par lui dire qu'il ne va quand même pas le faire dormir dans le lit de quelqu'un d'autre.
Le PDG fulmine encore plus devant l'audace de l'ironie de ce petit veilleur de nuit et promet d'une voix stridente de vilipender on ne peut plus copieusement sa secrétaire à son retour.

Puis il dit que ce n'est pas si grave et qu'il va aller chez un concurrent et qu'il s'avisera de faire de la pub sur cet hôtel "miteux" sur TripAdvisor !


Séq. IV – RUE – EXT. NUIT


Il marche dans la rue à pas rapides, à la recherche d'un autre hôtel.



Séq. V – HOTEL – INT. NUIT


Il en trouve enfin un hôtel de libre. Cependant, le veilleur de nuit l’informe qu’il faut payer

d'avance le soir-même car il a eu trop d’impayés. Le PDG s'énerve pour ce manque de confiance qu'on lui fait et lui balance une petite formule déplacée. Mais il n'a pas le choix. Il fouille dans sa poche à la recherche de sa carte bleue. Et là, impossible de trouver son portefeuille. Disparu !! Il cherche partout, s'énerve devant l'hôtelier impassible ! Et le portable qui était dans la veste a disparu aussi par la même occasion.

Ainsi privée et de carte bleue et de téléphone, l'homme d'affaires est instant désemparé.


Mais il se ressaisit vite et tout sourire soudain avise l'employé de l'hôtel que ce n'est pas grave et qu'on va faire envoyer un fax de sa Société, puisqu’il est le GRAND patron de « VIVELAVIE », qu'on le paiera rubis sur l'ongle puisqu'il est un des plus grands patrons de France !


L'employé ne veut rien savoir. L’autre insiste et de sa mallette sort la plaquette de la Société où il apparaît en gros plan tout sourire de ses 32 dents. Le contraire même du visage prêt à mordre qu’il affichait il y a quelques secondes au réceptionniste.


Le PDG

- Voilà, lui dit-il, c’est moi. Monsieur Porcher. Président Directeur Général de VIVENDI. Une des plus grosses entreprises françaises. Vous voyez bien là quand même !! C’est moi, MOI !!!

Vous me reconnaissez ou pas ?

Le veilleur de nuit fait non de la tête. Il a des ordres. Il reste intraitable.


Le PDG

- Mais on ne peut pas ne pas me connaître. Quand même. Vous n'irez pas bien loin vous avec un tel manque de curiosité dans la vie !

Le veilleur de nuit n'en a apparemment rien à faire et fait une moue négative.
L'homme d'affaires pousse un juron et sort.


Séq. VI– RUE – EXT. NUIT



Dans la rue il peste à qui veut bien l’entendre contre

« les imbéciles de tout poil, les pauvres,
les incapables, les chômeurs » et… bien entendu sa secrétaire qui est responsable de l'avoir mis dans cette situation inconfortable.

Mais il n'y a personne pour l'écouter.


Il commence à se faire très tard. Et ... ça fait plus d'une heure que dure ce manège.



Séq. VII– 3ème HOTEL – INT. NUIT


A la réception de ce nouvel hôtel, l'horloge indique 22 heures.


Par miracle, lui indique le réceptionniste, une chambre est encore libre. ll affirme au PDG que celui-ci a de la chance car il y a un colloque demain dans la ville et que tout est pris d'assaut.
Le PDG éclate en lui hurlant que c'est LUI qui organise ce colloque et qu('il est bien évidemment au courant mais qu'il y a eu maldonne avec sa secrétaire et qu'il ne va tout de même pas dormir dehors.

Le veilleur, plus clément que le précédent, accepte un paiement ultérieur sur facture si l’homme d’affaires se fait envoyer un fax dûment signé dès à présent par quelqu’un de sa Société.


Le directeur soulagé attrape son portable et appelle son bureau, d’une voix tonitruante...
Il demande sa secrétaire qui a cette heure tardive n’est évidemment plus là. Il s’énerve, furieux, il clame devant le veilleur de nuit que de toute façon demain, on va voir ce qu’on va voir car oui demain, il va licencier à tour de bras. Et que ce n’est pas cette mijaurée de secrétaire qui l’a foutu dans la merde qui va passer à travers les mailles du filet. Licenciée !!!


Au téléphone, il tombe sur un employé du night-staff, qui ne connaît pas la voix de son GRAND patron, dans cette GRANDE Société qu'est VIVELAVIE et où décidément personne ne connaît personne. Malgré la pression du big boss, l’employé refuse tout net de prendre la responsabilité de signer le fax que le PDG demande qu'on lui envoie immédiatement pour reconnaissance de dette.

Sans connaître son nom du veilleur qu’il a au téléphone, il le menace pourtant de le licencier lui aussi dès qu'il rentrera à Paris.




Séq. VIII– RUE – EXT. NUIT


Très nerveux, marchant d’un pas vif et pourtant incertain, tournant, virant, il arpente les rues éclairées de la ville d’Brive-La-Gaillarde, ne sachant plus que faire.

La situation lui est totalement inconnue tant il est habitué à être pris en charge par le système.



Séq. IX– GARE – EXT. NUIT



Il finit par atterrir à la gare. Il est alors près de minuit. Trois sans-domicile ont
installé leurs cartons pour la nuit. Notre PDG trouve un siège où s’asseoir le plus loin possible de ces mal lotis.

Le temps passe. La pendule indique minuit cinq. Le temps semble s’être arrêté.

L'un des SDF s’affaire bruyamment dans ses innombrables baluchons en vue de
casser une petite graine à cette heure tardive. Il extirpe de la nourriture et déchire avec ses doigts un bon morceau de baguette et se taille ensuite consciencieusement un triangle de camembert avec son Opinel.
Un second s'est déjà installé, couché la tête dans à l'abri dans le photomaton du lieu et le reste du corps qui dépasse.

Le PDG tourne la tête, ébahi, puis lorgne à nouveau sur le bout de pain du
SDF. C’est que le gaillard a faim !


A ce moment, un des SDF se lève et se dirige vers l’homme d’affaires.


Le SDF.

- Dis-moi l’ami. Une petite idée de vient. Ca te saignerait beaucoup de me reverser un petit Euro du capital ?


Le PDG a un sursaut. Le SDF insiste. Le PDG se lève, va s’asseoir sur le banc le plus éloigné de ce malotru. Mais le pauvre est insistant. Il va le rejoindre là où il s’est assis l. Là, le PDG s’énerve tout à fait, vide la poche de son costume de laine vierge et finit par trouver les 5 centimes d’€uros qu’il a gardés du taxi.



Le PDG

- Bon, écoutez ça commence à bien faire ! Vous ne voyez pas que je suis dans la merde non !!... Il me reste 5 centimes ! 5 CENTIMES !


Le premier SDF commence par rigoler et le PDG de s’énerver tout à fait.

- Cinq cents. Les gars il a cinq cents et il ose me parler en ancien Francs. T'as pourtant pas une tête à être dans le besoin. Nous ça fait près de dix ans qu’on est dans nos besoins, si tu me connectes... Il n'a que 5 centimes l'animal. Ah ils sont forts au gouvernement ! ».

L'autre sans-domicile s'esclaffe aussi un moment puis d'un geste dégoûté ils décident de ne plus s’occuper de l’homme d’affaires et s’installent tranquillement dans leur duvet bleu estampillé Croix-Rouge.


Le PDG s’est levé. Il semble perplexe et regarde vaguement les trains affichés au départ de Brive-La-Gaillarde en direction de Paris, sa petite valise à roulettes posée à ses pieds. Le prochain est à 5 heures du matin...


Les trois SDF dorment déjà. Le PDG ne tient plus en place, arpente la salle de la gare en long et en large. Il semble avoir froid... et faim ; Il avise le sac d’un des SDF où est posé le reste de son dîner : un
croûton de pain. Il détourne la tête prestement, retourne s’asseoir un moment, tente de s’envelopper dans son bel imperméable pour avoir plus chaud, se tourne, se retourne sur son siège, tente un
allongement sur trois sièges, mais la position est inconfortable. Il se remet sur son séant, regarde la pendule : il n’est que ... minuit vingt !



Séq. X– SALLE DE CONFERENCE DES ACTIONNAIRES / Le lendemain matin – INT. JOUR



Le lendemain matin. Une foule d’actionnaires se presse dans le hall de la salle de conférence de Brive-la-Gaillarde où doit avoir lieu la big réunion.



Un actionnaire :

- Ah, Garry.. comment va !?

Le second

- Très bien ! Content de te retrouver là Garry. On a fait du bon boulot encore ces derniers temps. Chiffre en hausse. Cette convocation, c’est du formel. Tous ces licenciements à venir,
c’est du virtuel. Tu vois ce que je veux dire. Pour nous ça changera rien.... enfin peut-être en mieux si ça se trouve.


- Ah ah ah ! Moins de monde, plus de points.. Tu me suis ?! Ahaha. En un mot c'est tout bon pour nous.

Le premier

- Bon alors... c’est pas la déconfiture qu’on raconte
alors ? Tu penses que nos actions ça ne va pas avoir d’impact ?


Le second

- Tout ça c’est pour les media. T’es encore un jeunot, toi ! Le groupe ne s’est jamais aussi bien porté ! Tu connais l’adage « ne jamais mettre tous ses oeufs dans le même panier » . Ah ah..



Un homme passe à côté et lui tape sur l’épaule.


Le second

- Ah, Alain ! Toi ici... Normal, tu me diras. (à Gary) Excuse moi vieux. A tout à l’heure. On se voit après la réunion... (se tournant vers l’autre) Alain !! Ca alors !! ah ah !! Ca fait un bail ! Alors ? T’as l’air d’avoir la forme dis-moi.... ! Alors, toujours directeur des Services Extérieurs à... ?


Alain

- Toujours ! Ca baigne. Faut pas se plaindre. On rentre des Iles Fidji là avec Mathilde et les enfants.


Une voix dans le haut-parleur de l’immeuble lance un message.


La voix au micro

- Chers actionnaires, bonjour. Merci d’être venus si nombreux. Vous tous avez été
convoqués aujourd’hui pour ce colloque international ici à Brive-La-Gaillarde, comme vous savez en vue du licenciement d’un nombre important du personnel du Groupe. Aucun de vous ici présent n’étant
concerné directement par cette mesure, notre Président Directeur Général a toutefois tenu à vous réunir pour un topo CONFIDENTIEL sur l’avenir de la nouvelle structure de VIVELAVIE.


Nous vous invitons donc à prendre place. Notre Président Directeur Général, Didier Porcher devrait arriver d’une minute à l’autre... Il devrait d’ailleurs être là .... Mais tout va bien... Messieurs, je vous en prie, prenez place !....


Dans un brouhaha, les actionnaires pénètrent dans la salle, s'installent, attendent.



Séq. XI– GARE – INT. JOUR



Dans la gare des hommes et des femmes vont et viennent, des bagages à la main... Il est 9heures du matin. Dans la ville des centaines d'actionnaires ont rendez-vous avec un homme important pour une réunion visant au plan de licenciement de milliers d'ouvriers.

Tandis que dans un coin... couché en boule.... sa valise à roulettes solidement attachée au banc de la gare à l’aide de sa cravate....notre PDG ...dort.




Sous titre : "Un homme qui dort n'a jamais fait de mal à personne."


VIVELAVIE

un scénario de Marie DUVAL

Objets désuets ?

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