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Le blog de MARIE DUVAL écrivain-cinéaste passionnée par l'humain ET.. la botanique
Le blog de MARIE DUVAL écrivain-cinéaste passionnée par l'humain ET.. la botanique
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Film de Marie Duval "Le renard pâle"

 

Note d’intention « Le renard pâle »
de
Marie Duval & Isabelle Mignard



C’est l’histoire de trois femmes françaises en Afrique  



Le futur de notre planète est lié à notre capacité d'imaginer un avenir commun, équitable pour tous. La détresse où est notamment enlisée l’Afrique n’est plus tolérable. Chacun d’entre nous, décideurs, auteurs, producteurs, politiques, amis, voisins… a aujourd’hui un rôle à jouer.

 

L’Afrique est un continent riche, très riche. Un continent méconnu.

 

Peu de fictions ont été tournées en Afrique.

 

Les documentaires sont légion, mais nous montrent trop souvent la misère (réelle), les quelques fictions « occidentales » – hors celles de réalisateurs africains, souvent très bons - restent trop en " noir ou blanc", sur un mode binaire. Bien que le cinéma sur l’Afrique semble connaître un embryon d’essor, ces films ou téléfilms s’arrêtent soit à "des fresques africaines" dans un pays donné, soit autour de thèmes liés à l’immigration en occident.

Ici, pour la première fois dans un film, il s’agit d’une relation d'échange, de complémentarité, une "immigration double", puisque ces femmes vont en Afrique, non pour y rester certes, mais en quête de quelque chose, de quelqu’un. La rencontre avec une autre femme blanche, éprise d’un africain polygame mêle une autre histoire à la première.

Le thème de l’enfance y est présent : Le petit Sidy va être soigné en Europe, car inopérable sur le continent africain, tandis que l’héroïne va devoir aller vers l’Afrique pour pouvoir guérir.

Il n’y a, à notre connaissance, pas eu de film tel que celui-ci, où les relations Nord/Sud et/ou Sud/Nord soient vus sous un angle synergique.

A noter aussi une notion, chère aux auteurs : L’Afrique c’est certes la difficulté de vivre, mais c’est aussi le rire qu’ont un peu trop perdu nos civilisations technologiquement avancées.

 

 

Ce film raconte le road-movie de trois femmes occidentales en Afrique, - dont l’une atteinte d’une maladie orpheline et condamnée à brève échéance, décide de retrouver le frère qu’elle n’a pas revu depuis l’enfance. L’histoire les entraîne au Mali. Les rebondissements épiques ne leur laissent pas le temps de souffler. Gabrielle, l’héroïne, retrouvera pourtant ce souffle de vie qui lui manquait tant. Le souvenir occulté remonte à la surface : elle découvre un frère qui n’était non seulement n’était tel qu’elle l’avait idéalisé … mais qui a failli la tuer le jour de ses six ans !

Les multiples rencontres, les amitiés entre humains issues de deux peuples d'origine différente engendreront un regard différent. Ici l'échange permettra aux médecines ancestrales, tirées du chamanisme, et modernes, de se conjuguer enfin. La rencontre d’une femme française et d’un enfant africain malades, guéris tous les deux, raconte qu’un monde plus humain est possible à condition de dépasser les idées reçues et nos certitudes et de multiplier les passerelles … afin que le monde respire…



Ce film, c’est aussi une quête, une course contre la montre sur le thème des maladies orphelines, dont on ignore souvent et les causes et les traitements.

 

C’est aussi une histoire " d’amour", idéalisée, entre un frère et une sœur.



Une histoire d’amitié entre trois femmes,



Des rencontres, parfois vitales,entre deux cultures, "un pont qui relie les hommes"…



Le monde devenu un village ? Peut-être ! Pas si sûr…. Même si l’Asie se balade dorénavant en Afrique (le groupe de touristes Japonais désorienté), l’Afrique est encore perçue comme un continent à part, un continent « roots »… qui parfois fait peur. Un continent envoûtant, où le rire, autant que la misère, est omniprésent !



Ce film est un périple aux multiples rebondissements. Car le frère n’est pas celui qu’on croit, les parents non plus et l’aventure de ces femmes va bouleverser leur regard sur la vie et sur elles-mêmes.

Tantôt grave, tantôt léger, le parti pris de ce film est de ne pas se prendre au sérieux tout en abordant des sujets difficiles et souvent curieusement tabous, et même dans les sociétés dites « évoluées ».

La mort, sujet premier du film, est un continent que l’humain ne veut pas aborder.

 

Un film simple … en apparence, sujet en réalité complexe. Mais le maître mot de toute œuvre, n’est-il pas finalement de parvenir à tisser tous ces fils complexes et parvenir à la simplicité ?



L’histoire nous mène dans le Pays Dogon, au Mali, lieu reconnu dans le monde entier comme un lieu à part et dont l’Unesco, dit « qu’il s’agit d’une des dernières régions d’Afrique où société, art et architecture conservent leurs racines profondément ancrées dans la tradition », qu’ont su nous faire connaître Marcel Griaule, Germaine Dieterlen au travers des extraordinaires documentaires de Jean Rouch.



La réalisation



Marie Duval a notamment réalisé deux courts-métrages et deux documentaires et ce film sera dans la lignée des deux autres, un film sur l’humain, sa force mais aussi « le combat  nécessaire » pour, quoiqu’il arrive, célébrer LA VIE !

« Je cherche, je suis un chercheur, j’essaie de capter un tout petit peu de l’essence de la vie, de ce qui veut bien se laisser attraper, puis transmettre un peu de cette « émouvance-là  » si cela est possible, et la transmettre. La donner. La rendre. Le cinéma, grâce à l’écran, au lieu de faire écran à la vie, donc de s’en éloigner, au contraire et tout à fait paradoxalement, curieusement, nous rapproche de la vie, magnifie la vie, et permet de prendre conscience du miracle qu’est celle-ci. Alors oui, c’est cela uniquement qui m’intéresse. La simplicité de la vie et le miracle de cette simplicité-là qu’on va donner à voir à qui voudra le voir ! »

Mes intentions de mise en scène sont assez simples et claires : Je dirais, dans le prolongement de l’une de mes consœurs réalisatrice belge, Inès Rabadan, que « Tout doit signifier et si les acteurs jouent trop, cela devient sursignifiant. Si tu places un personnage dans un paysage qui exprime son état mental, par exemple la solitude, il ne faut pas qu'en plus, il le joue. Ça devient too much”. La mise en scène de ce film est de parvenir à ce ressenti où tout est sur un fil. Toujours. Rien n’est vraiment dit sur la mort. Il y a … appelons cela une pudeur.

Rien n’est vraiment montré. Tout est ressenti. De là, la longueur de certains plans pour mettre en évidence la richesse d’un silence, d’un geste… Et l’Afrique se prête bien à cette langueur. Et pourtant c’est un film d’action… aussi.



Quant à la lumière de l’Afrique, elle est bien entendu inégalable, magique. Tourner dans un décor tel que celui du Pays Dogon c’est à coup sûr traduire sur l’écran le mystère de cette région du monde particulièrement étonnante. Comme une tentative de déchiffrer le rébus de l’univers.



« La longue marche de Gabrielle sur la colline traduit la traversée du désert d’une femme confrontée à la fin de sa vie. Je veux donner à cette scène une poésie – au sens le plus vrai de ce mot – pour traduire cette dimension héroïque de Gabrielle, dans ce qu’elle croit être l’acte ultime de son existence. Une scène un peu surréaliste, qui se confond avec le rêve qu’elle va faire dans la caverne quelques instants plus tard. Comme si elle n’était déjà plus de ce monde, et pourtant – fait curieux - le fait d’avoir pu échapper un temps au réel et pénétrer dans la grotte (en même temps symbolique du rêve enfoui de la petite fille en danger) la ramène à la vie.

 

J’aime beaucoup cette scène. C’est l’une des scènes fortes du film. Je la vois déjà. Je vois la lumière qui s’en va déclinante, comme sa vie, la force qui lui reste pour marcher encore, tomber, se relever. C’est en même temps une métaphore de la vie en général. Une métaphore pour dire que le rêve est essentiel à la vie. Absolument vital. En allant plus loin, à l’essentiel en réalité, on pourrait terminer justement sur une note poétique et affirmer qu’il se pourrait bien que ce soit « le rêve qui sauve le monde ».

 



L’Afrique danse…

C’est pour ça qu’elle tient debout !